Monasterium.net, MOM-CA, Einsiedeln et Henri V

Diplôme de l'empereur Henri V pour Einsiedeln en 1111Diplôme de l’empereur Henri V pour Einsiedeln en 1111
 

Reprenant une initiative de l’an dernier, nous commençons à lire sur des écritures diplomatiques disponibles dans les archives virtuelles Monasterium.net qui recèlent près de 230 000 actes médiévaux en originaux et copie.

L’acte que nous avons lu est un diplôme donné par l’empereur Henri V à Strasbourg le 2 octobre 1111 en faveur du monastère d’Einsiedeln, par lequel il confirme le privilège octroyé par son père le 24 mai 1073 qui protège l’abbaye de l’ingérence du pouvoir royal et lui accorde également la libre élection de l’abbé. Texte et image se trouvent ici :  http://www.mom-ca.uni-koeln.de/mom/CH-KAE/Urkunden/KAE_Urkunde_Nr_62/charter?_lang=fra

 

Écritures et genres dans les serments abbatiaux du ms. Paris, BnF, lat. 934

Le manuscrit Paris, BnF, ms. latin 934 est un pontifical à l’usage de Sens, datant de la fin du XIIe s.

Pontificale Senonense
Pontificale Senonense
Source: Bibliothèque nationale de France

Dans les premiers feuillets, initialement blancs, ont été inscrits les serments abbatiaux et épiscopaux rendus aux évêques de Sens par les abbés du diocèse et les évêques suffragants (en l’occurrence, l’évêque de Paris). Ces serments sont tracés dans des écritures différentes et accompagnées de croix, que l’encre distingue souvent de la formule qu’elles accompagnent.

Ces écritures placent l’observateur au cœur des questionnements paléographiques et diplomatiques :

  1. autographie
      • les différentes écritures sont-elles l’indice d’un tracé par la personne prêtant serment ?
      • comment distinguer plusieurs mains dans des témoignages textuels tracés séparément (plusieurs années d’écart parfois) ?
      1. Oralité et validité, signature et croix
          • la formule du serment est ore promitto et manu confirmo et signale un double acte : la croix est-elle le second, mis en scène, ou y a-t-il un geste distinct de celui de l’acte d’écrire ?
          • les croix étant tracées séparément, sont-elles plus susceptibles d’être autographes que les formules de serment ?
          • discréditent-elles complètement l’idée d’une autographie des serments ?
          • pourquoi une croix plutôt qu’un signum
          1. filon d’écriture et genre : le seul serment en écriture livresque et dépourvue des ornements diplomatiques concerne une abbesse.
              • Y a-t-il une relation entre le sexe de celui qui prête serment et l’écriture ?
              • Si oui, est-ce que cela réactive l’idée de l’autographie ?
              • Est-ce un effet de connotation ?
              • Est-ce un artefact, un hasard des petits nombres ?

              Paris, Bibl. nat. de France, ms. latin 934 (fol. 2r)
              Serment de l’abbesse de Villiers-[aux-Nonnains] à Pierre [de Corbeil], évêque de Sens (1199-1221)[W].
              « Ego soror Aupes, abbatissa beate Marie de Vileriis, Deo et Ecclesie beati Stephani Senonensi et tibi, pater Petre, tuisque successoribus debitam obedientiam et reverentiam ore promitto et manu confirmo. [crux] »


              Notice de l’abbaye de Villiers-aux-Nonnains dans la Gallia christiana (t. XII, col. 242)

              Acte latin d’Etienne, évêque d’Autun

              Dijon, Archives départementales de la Côte d’Or, 15 H 77 (2)
              Dijon, Archives départementales de la Côte d’Or (www.archives.cotedor.fr), 15 H 77, pièce 1 (Réutilisation soumise à conditions)

              == Date ==
              [1171-1189]

              == Régeste ==
              Etienne [II], évêque d’Autun, notifie l’accord intervenu entre Osmond de Rougemont et l’abbaye Notre-Dame de Fontenay.

              == Tradition ==
              A1. Dijon, Archives départementales de Côte d’Or, 15 H 77, pièce 1. — Original en parchemin ; 130 x 157 mm (repli 19 mm) ; justification 155 x 88 mm ; réglure effacée ; écriture livresque ; repli avec 1 simple entaille centrale. Mentions dorsales : (XIIIe s.) « De Osmudo de Rubeo Monte » ; (à la suite) « de terra Willelmi de Fraixino et alia p. » ; (de la même main) « Flace » ; (lavé) « XXXI » ; « XXXIIa » ; (XVIe s.) « Benoisey » ; (XVIIe s.) « Flacey. Titre par lequel on voit que Mrs de Fontenay ont droit de pesche et de pasturage a Corcelles et a Benoisey et que la terre de Guillaume du Fresne qui est a Benoisey est a eux. Cotté EE » ; (1787) « N° 2. / Sans date »
              A2. Dijon, Archives départementales de Côte d’Or, pièce 2. — Original en parchemin ; 114 x 158 mm (repli 18 mm) ; justification 150 x 77 mm ; écriture livresque ; repli avec simple entaille centrale (usée) et trou d’attache. Mentions dorsales : (XIIIe s.) « Carta Osmundi e Rubeo Monte de pastura et piscatura Curcellarum et Bonesii » ; (XIIIe s.) « Flace XXXIIa » ; (XVIIe s. ?) « Courcelles ».
              B. Dijon, Archives départementales de Côte d’Or, 15 H 9 (cart. 201), Cartulaire 1, fol. 48r (Flaciacum, 32) ; table mutilée
              C. Dijon, Archives départementales de Côte d’Or, 15 H 9 (cart. 201), Cartulaire 2, fol. 109v (Flaciacum, 32) ; table mutilée ; non collationné
              D. Dijon, Archives départementales de Côte d’Or, 15 H 11* (cart. 202), fol. 210r (Flacey. EE) : « Non restat sigillum » ; non collationné.

              == Indiqué ==
              INVENTAIRES : ADCO 15 H 1, fol. 72v (Flacey. EE). — ADCO 15 H 2, fol. 60r (Flacey. EE). — ADCO 15 H 4, p. 31 (V. 3. 2) : « … deux titres… joints ensemble… et cellé de deux sceaux qui y étoient autrefois, ne restant plus à un de ces titres qu’une queue de peau blanche pendant ».

              == Edition ==
              N.B. La photographie représente A2. Texte édité d’après A1.

              Ego Stephanus, Dei gratia Eduensis episcopus, notum esse volo quod in pace facienda inter |2| fratres Fonteneti et Osmundum Rubei Montis, finitis aliis querelis de piscatura et pastura |3| Curcellarum et Boneseii(a) et de terra Willelmi(b) de Fraxino que est apud Boneseium |4| ita inter se remanserunt quod fratres Fonteneti de piscatura et pasturis(c) tenent se |5| pro investitis, tum propter usuaria communia inter duo territoria Flaciaci videlicet |6| et Curcellarum, tum propter helemosinas(d) que sibi inde facte sunt. Osmundus vero |7| non concedit. Proinde si de his supradictis vel Fontenetenses Osmundo aliquam injuriam |8| facerent vel Osmundus Fontenetensibus, qui conquereretur(e) inde justiciam que-|9|-reret et qui injuriam faceret, justiciam exhiberet. Quod si facere nollet injuriam |10| sustinens ubicumque vellet justiciam quereret sive a potestate ecclesiastica sive a se-|11|-culari principe. Hec se tenere et bona fide servare ecclesie Fonteneti juravit Osmun-|12|-dus ipse(f) et filii ejus similit[er](g) Hu[m]baudus et Rainardus .

              (a) Bonesei B. – (b) Villelmi A2. – (c) pastura B. – (d) elemosinas B. – (e) quicumqueretur sic B. – (f) Omis B. – (g) similit sic A1, similiter A2B. – (h) Humbaudus A2B. – (i) Renardus B.

              Acte latin du duc de Bourgogne, daté de 1191

              Dijon, Archives départementales de la Côte d’Or, 15 H 110 (1)
              Dijon, Archives départementales de la Côte d’Or (www.archives.cotedor.fr), 15 H 110 (1) (Réutilisation soumise à conditions)

              == Date ==
              1191 (?)

              == Commentaire préliminaire ==
              Cet acte pose plusieurs problèmes, dans sa tradition et dans sa date. Comme il a été donné comme exercice supplémentaire, il ne sera pas accompagné de commentaire paléographique ou diplomatique approfondi, ni des identifications.

              * Sur la date : Eudes [III] ne devient duc qu’à la mort de son père Hugues III, le 25 août 1192.
              * Sur la tradition : il existe un acte identique dans son texte, à l’exception de la titulature, où l’auteur de l’acte est dit « Odo, filius ducis Burgundie ».

              Deux hypothèses sont recevables : soit l’acte correct avec la formule « Odo filius ducis » est postérieur à celui qui est présenté ici, et en est la version corrigée ; soit le présent acte est un nouvel original, établi postérieurement à l’accession d’Eudes à la dignité ducale, mais conservant la date de l’action juridique.

              == Tradition ==
              A. ADCO 15 H 110, pièce 1. — Original en parchemin ; 195 x 225 mm (repli 20 mm) ; justification 205 x 150 mm ; réglure à la mine de plomb (5, 5, 202, 6, 5 x 20 [1 l.], 140 [10 ur], 16, 20) ; repli à une double entaille centrale ; écriture diplomatique. Mentions dorsales (XIIe s.) « Carta de domo Divione » ; (barré) « Puteoli » ; (XIIIe s.) « Donum Othonis de Salio de Divione » ; « Divionis. Prima. » ; « Ia » ; « Carta de domo Divionis, donum Hotonis de Salio » ; (XVIIe s.) « Dijon. Concession de Otho de Saux de sa maison et appartenance d’icelle prez les murailles de la ville et la ratification du duc Eude et de son fils l’an 1191. Deux » ; (1787) « N° 2 / 1191 »

              == Indiqué ==
              INVENTAIRES : ADCO 15 H 1, fol. 124[*]r (Dijon, 2). — ADCO 15 H 3, p. 187 (XIX. 3. 2) : « [avec les confirmations] scellés de plusieurs sceaux de cire verte à doubles queues de parchemin pendant ».

              == Edition ==
              Ego Odo, dux Burgundie, presentibus et futuris notum facio quod dominus Otho de Salio dedit in |2| elemosinam et in perpetuum concessit Deo et monachis Fonteneti domum suam de Divion-|3|-ne que de casamento meo est et redditus ad ipsam domum pertinentes et terram vacuam |4| que de domo est et est juxta domum infra muros Divionis. Hanc elemosinam lauda-|5|-verunt Guido, filius domini Othonis, et Willermus, similiter filius ejus, ad cujus partem divisam |6| hoc pertinebat. Laudaverunt etiam hoc domina Willerma, uxor domini Othonis, et Elisabez |7| uxor domini Guidonis. Hanc etiam donationem ego ipse laudavi et sigilli mei inpres-|8|-sione confirmavi. Hujus rei testes sunt Josbertus abbas Fonteneti, Philipus, Bernardus, |9]| Humbertus monachi, Odo archipresbiter Tullionis, dominus Hyulo de Salyo et Girardus |10| filius ejus, Haymo de Orgeolo, milites, Boinus prepositus Castellionis. Actum est |11| hoc anno ab incarnatione Domini millesimo centesimo nonagesimo primo.